Fort-de-France, le 5 juin 2024 – Dans une démarche conjointe pour la préservation de la qualité des milieux aquatiques et de la ressource en eau, l'Office de l'Eau Martinique (ODE) et la Chambre d’Agriculture de Martinique ont signé une convention de partenariat stratégique. Cet événement significatif a eu lieu le mercredi 5 juin, coïncidant avec la Journée mondiale de l'environnement, marquant ainsi l'engagement de notre île vers une gestion durable de ses ressources aquatiques.
Cette collaboration est scellée dans le cadre du 4ème Programme Pluriannuel d’Intervention (PPI) de l’ODE, qui inclut divers dispositifs visant à soutenir les professionnels du secteur agricole. L’objectif principal est de mobiliser et de renforcer les capacités des acteurs agricoles pour qu'ils contribuent activement à la protection des écosystèmes aquatiques vitaux pour la région.
Le partenariat prévoit une série d'initiatives ciblées :
Un chargé d'étude sera recruté par la Chambre d'Agriculture avec le soutien financier de l’ODE, assurant un lien direct et efficace entre les agriculteurs et les stratégies de conservation de l'eau. Ce poste sera crucial pour l'animation du programme et pour assurer que les actions menées répondent précisément aux besoins du terrain.
Le montant total du projet s'élève à 488 850 euros, avec une contribution majeure de 391 080 euros provenant de l'ODE.
L'Office de l’Eau Martinique et son Rés’EAU* organisent la « Semaine pour l’Eau » du 18 au 22 mars 2024
Dans le cadre de la journée mondiale de l’eau, l’ODE Martinique et son Rés’EAU organisent la « Semaine pour l’Eau » du 18 au 24 mars 2024. Instituée par l’Organisation des Nations Unies, cette journée internationale est célébrée chaque année le 22 mars. Son objectif premier est de sensibiliser le public à l’eau et de promouvoir la gestion durable des ressources en eau douce.
Le thème de cette année 2024 « L’eau pour la paix » rappelle que l’eau est un droit humain dont l’usage est disputé et source de conflits dans plusieurs pays du monde. Si la population martiniquaise est plutôt privilégiée en matière de disponibilité de la ressource en eau, elle doit tout de même contribuer dans toutes ses composantes, à la protection des ressources en eau et des milieux aquatiques. L’une des principales pistes de travail étant le développement d’un esprit de solidarité entre territoires et de mutualisation de la ressource sur notre petit territoire.
L’Office De l’Eau, son Rés’EAU, en partenariat avec des acteurs institutionnels et privés, s’engagent à sensibiliser la population martiniquaise à travers une série d’actions pendant la « Semaine pour l’eau », en ciblant les scolaires, les universitaires, les seniors, les salariés d’entreprises et plus globalement le grand public.
C’est à travers des spectacles, des expositions, des sorties pédagogiques en rivière, en mer ou en mangrove, et conférences sur le sujet de l’eau, des ateliers de découverte que l’ODE incite les usagers à adopter les bons gestes. Au total, du 18 au 24 mars, près de 60 actions se dérouleront sur le territoire, portées par 41 acteurs locaux. Une programmation riche et variée touchant toutes les générations pour une prise de conscience générale.
Retrouvez le programme complet ici : ODE_Semainepourleau_ProgActionsVF.pdf (eaumartinique.fr)
Les activités organisées par l'ODE à ne pas manquer :
Le Colloque scientifique "Eau & Outremer"
La diffusion du film documentaire "La voix des mangroves" avec une intro musicale de BAMBOUMAN et un échange avec Nicole CAGE, autrice de la voix off du film à Madiana, le 22 mars à 19h00. La séance est gratuite, les tickets sont à prendre ici : https://my.weezevent.com/spe-2024-evenement-grand-public
SEMINAIRE EAU & CLIMAT DU 29 FEVRIER 2024 ORGANISE PAR L'OFFICE DE L'EAU ET SES PARTENAIRES
Engagé dans une démarche innovante, l’Office De l’Eau Martinique a adopté des pratiques d’économie circulaire. En effet, l’ODE a pu faire don de son ancien mobilier en bon état à des associations reconnues d’utilité publique et/ou des mairies des petites communes de la Martinique.
L'économie circulaire est un modèle axé sur la réduction, la réutilisation, le recyclage et la régénération des ressources. Contrairement au modèle linéaire traditionnel, l’économie circulaire vise à minimiser le gaspillage en créant des boucles fermées où les produits, les matériaux et les ressources sont réintégrés dans le cycle de production plutôt que d'être éliminés après usage.
C’est ainsi que la Croix -Rouge, le Groupement d'insertion des personnes handicapées physiques- Association des travailleurs handicapés en activité de la Martinique, la Fondation Saint Vincent de Paul, les Villes du Carbet, de Fond Saint Denis et du Prêcheur ont pu bénéficier de dons de chaises, de tables, d’armoires, de fauteuils et bureaux.
Chaque année, la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes se tient le 25 Novembre.
"La violence à l’égard des femmes et des filles demeure l’une des violations des droits de l’homme les plus répandues dans le monde.
À l’échelle mondiale, on estime que 736 millions de femmes – près d’une sur trois – ont été victimes de violence physique et/ou sexuelle de la part de leur partenaire intime, de violence sexuelle d’un autre partenaire, ou des deux, au moins une fois dans leur vie.
La violence à l’égard des femmes a été intensifiée dans différents contextes, y compris l’espace de travail et les espaces en ligne, et a été exacerbée par la pandémie de Covid-19, les conflits et les changements climatiques. " explique l'Organisation des nations unies.
Du 25 novembre au 10 décembre, l’ODE s’engage aux côtés des associations qui luttent contre les violences faites aux femmes.
L’Office de l’Eau Martinique organise en partenariat avec la Caisse des Écoles du Robert et la Ville du Robert un Forum « ODE & Vous ! » sur le thème des Mangroves !
Mardi 24 octobre de 17h30-21h00
📍Ecole Edouard Delépine
L’entrée est gratuite
Des ateliers de sensibilisation réservés aux enfants sont également prévus 🖍️🦀
Venez nombreux !
Plus d’infos 0596 484720
LES CHIFFRES CLÉS 2020 DE L’EAU POTABLE ET DE L’ASSAINISSEMENT EN MARTINIQUE
Notre 1er Hors-série "L'ODE & Vous ! le mag' Art & Eau", enfin disponible dans tous les points de distribution MadinMag de Martinique.
Dlo la tè, dlo lanmè
Mieux comprendre la relation des Martiniquais aux milieux aquatiques pour concilier perceptions, usages et préservation
Retours sur une décennie de recherches
Anne Rivière-Honegger, Marylise Cottet, Ana Gonzalez Besteiro, Oméya Desmazes, UMR 5600 Environnement Ville Société CNRS - ENS de Lyon
Un impératif légal : la prise en compte du public dans la gestion de l’environnement
Convention d’Aarhus ; Directive Cadre Européenne ; SDAGE (sous-orientation IV-C : « Mieux communiquer et agir efficacement sur les comportements »)
Quels apports de la recherche en sciences humaines et sociales pour y contribuer ?
Les sociétés entretiennent des relations plurielles aux milieux naturels et forment avec eux de véritables systèmes socio-écologiques. Les politiques publiques dans le domaine de l’eau et des milieux aquatiques sont amenées aujourd’hui appréhender une grande diversité de problématiques : protection de la ressource, développement des usages économiques et récréatifs, protection de la biodiversité, etc. Ces problématiques, aux imbrications toujours plus complexes, doivent être articulées de manière intégrée à différentes échelles territoriales (insulaire, bassins-versants, etc.).
La mise en œuvre de réponses adaptées requiert souvent une approche faisant discuter les sciences sociales, les sciences de l’environnement et les sciences de l’ingénieur. Dans cette démarche, les recherches en géographie sociale de l’environnement peuvent, au travers d’enquêtes en lien avec le territoire (observation des pratiques, entretiens, questionnaires, cartes mentales, ateliers participatifs), aider à démêler cette toile.
Leurs résultats apportent des éléments de connaissance et un renouvellement des questionnements pour les gestionnaires de l’eau et des milieux aquatiques, soucieux d'intégrer les habitants à la définition des questions à résoudre et aux décisions.
La Martinique dispose d’une grande diversité de milieux aquatiques qui abritent de nombreuses espèces animales et végétales. C’est notamment le cas des rivières, des mangroves et des récifs coralliens. Ces milieux aquatiques sont des lieux vécus où les usages sont multiples. Ils représentent des espaces culturellement importants. Aussi, mieux comprendre les liens entre les habitants de l’île et ces milieux aquatiques contribue à améliorer l’élaboration et la mise en œuvre des démarches de gestion en vue de leur préservation.
Au cours de la dernière décennie, trois études ont été successivement menées, associant acteurs de la recherche (Unité Environnement Ville Société - Ecole Normale Supérieure de Lyon, et Unité PHEEAC[i] - Université des Antilles) et acteurs de l’aménagement et de la gestion de l’eau en Martinique. Les deux premières (2015-2017) mettent le focus sur les liens des Martiniquais avec les rivières puis avec les mangroves. Pour les habitants, les principales causes ayant amené une modification de leur relation aux rivières au cours de ces cinquante dernières années sont le changement des modes de vie et la fin des pratiques liées aux rencontres familiales et aux activités quotidiennes de chaque individu et foyer (se laver, laver le linge, chercher de l’eau, etc.). Ils observent que cette fréquentation plus rare doublée d’un moindre entretien des chemins et des berges a un impact sur leur accès aux cours d’eau.
Les mangroves, longtemps perçues comme un milieu difficile d’accès, parfois impénétrable, voire insalubre, apparaissent aujourd’hui comme un lieu privilégié d’accueil de la biodiversité, à découvrir et à préserver. Enfin, la dernière étude (2020-2024) s’attache à développer et à mettre en œuvre une méthode d’analyse de la connectivité entre les sociétés et les écosystèmes aquatiques dans les petits bassins-versants maritimes insulaires tropicaux. Une enquête par entretiens a été conduite auprès d’habitants sur trois bassins-versants : le Galion, la Lézarde, la Rivière-Pilote ; une autre a été menée auprès de gestionnaires; et enfin, un géoquestionnaire a été diffusé aux habitants à l’échelle de l’île (encadré 1). Cette étude analyse les connectivités de martiniquais à leur bassin versant et permet de dégager les enjeux pour la gestion de la biodiversité et de la pollution (figure 1).
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L’un des principaux résultats de l’étude est que la raison principale pour laquelle les habitants se sensibilisent et s’attachent aux milieux aquatiques provient de leur propre expérience de terrain et de la connaissance que leur procure la transmission intergénérationnelle et sociale.
Mais alors comment promouvoir des liens affectifs, sensibles et cognitifs aux milieux aquatiques par l’expérience in situ ? Et comment favoriser la reconnexion à la nature et des comportements pro-environnementaux ?
Une expérimentation réussie s’est appuyée sur l’organisation de plusieurs formations auprès d’enseignants et d’élèves (notamment 700 éco-conseillers représentants la quasi-totalité des établissements scolaires de Martinique), sur la production de livrets sur les trois bassins-versants d’étude et sur l’organisation de sorties scolaires sur chacun de ces bassins-versants, co-organisées avec les acteurs de la recherche et de l’éducation et les gestionnaires (2022-2024). La production d’un magazine numérique retrace les activités co-réalisées avec les élèves des sept classes participantes du Rectorat de la Martinique : https://view.genial.ly/62e183ae5f460a0011274019 [ii]
La poursuite et la systématisation de cette expérience seraient une première réponse collective à apporter aux défis ultramarins de la reconnexion des habitants aux écosystèmes d’eau douce. Et si, dès cette année, on instituait que chaque enfant martiniquais parte à la découverte du bassin-versant dans lequel se trouve son établissement scolaire ? Ce serait indubitablement un pas décisif vers une réappropriation des milieux aquatiques. Un dispositif éducatif autour de la biodiversité a été lancé en septembre 2023, les Aires Educatives Fluviales. Il s’ajoute à celui des Aires Marines Educatives (AME) qui ont déjà fait la preuve de leur intérêt en Martinique avec déjà des classes engagées (il existe 8 AME). C’est un nouveau cadre d’action prometteur pour développer de nouveaux rapports au vivant et inciter les élèves à inventer le futur des milieux aquatiques martiniquais.
Encadré 1 - Les habitants de la Martinique et les milieux aquatiques
Lieux favorisant les contacts avec la biodiversité auxquels les Martiniquais sont attachés
La majorité des habitants enquêtés (54%) déclare avoir un lien fort à la nature martiniquaise. Seuls 8,3 % d’entre eux estiment avoir un lien faible voire inexistant. Dans 69,7% des cas, les enquêtés évoquent le caractère naturel et/ou aquatique du lieu indiqué sur la carte pour justifier leur attachement en réponse à la consigne « indiquer sur la carte un lieu de contact avec la nature auquel vous êtes particulièrement attaché. ».
Les habitants ne sont pas attachés à une nature générique mais bien à certains milieux spécifiques. Comme en témoigne le nuage de mots, les habitants associent avant tout la « nature » et « l’eau » en Martinique à des milieux aquatiques spécifiques : les rivières, la mer et les mangroves, ce qui suggère qu’ils ont noué des liens spécifiques avec chacun d’entre eux.
Nuage des 50 mots les plus fréquemment cités en évocation des termes de « nature » et
d’ « eau »
Source : enquête en ligne auprès de la population à l’échelle de l’île, 2020, répondants : 597 ; mots : 1914
[i] PHEEAC, voir rubrique partenariat
[ii] Voir l’article « Les jeunes de Martinique et leur perception des rivières »